La vérité n’est pas toujours bonne à dire et d’ajouter, pas toujours bonne à montrer ... non plus !
Bref, que nous reste-t-il, à nous Amis des Animaux qui souhaitons plus que quiconque témoigner de l’horreur vécue par nos compagnons à quatre pattes ? que nous reste-t-il à nous qui condamnons tout comportement déviant ? que nous reste-t-il à nous qui voulons faire passer le message de l’entraide et de la tolérance ? Comment franchir les frontières de l’ignorance et du non-dit si précisément, nous sommes en quelque sorte interdits de parole de peur de choquer, d’outrepasser les codes de bienséance, inculqués aux gens de bonne compagnie ? Je vous le demande ? Pour ma part, je n’ai, pour l’heure, aucune réponse !
Ne tirez pas sur l’ambulance…
De tout temps le rôle du messager a été un rôle ingrat, il n’y a aucune raison pour que cela change. C’est tellement plus facile ! Est montré du doigt, houspillé non pas celui qui a commis le délit (il se garde bien, en général, de ne laisser traîner aucune carte de visite) mais celui qui le révèle ; l’opprobre sera jeté sur celui qui dérangera, ceux si confortablement lovés dans leur petit train-train ouatiné !
Les photos sont un cri jeté à la face du monde
Comment se fait-il qu’à notre époque d’images, de communication en tout genre, certains oscillent entre le « blasé » et le « bégueule » à la fois ? Nous sommes, que nous le voulions ou non, d’ailleurs, bombardés, matraqués par des infos, qui la plupart du temps nous indiffèrent, tant le contenu nous est étranger. Réagir, ne serait-ce qu’intellectuellement à tout ce qui nous arrive tant par les journaux, les publicités, la télévision tient de l’impossible. Et pourtant...
Fermer les yeux sur les photos revient, bien souvent, à fermer les yeux sur la réalité !
Combien de fois, alors que je montrai des photos terribles, je l’avoue, la personne en face de moi, de manière ostentatoire et avec moult grands gestes, les yeux totalement fermés, que l’on aurait dit deux plis sur un minois tordu de douleur - oui, oui, vous avez bien lu ! Tordu de douleur - m’écartait moi, mes photos, mon discours, ma présence seule !!!!!! Comme si en agissant de la sorte elle parvenait à exorciser le Mal dont elle venait à peine de soulever un coin du voile !? S’il suffisait d’agir de la sorte pour que tout s’efface, pour que rien n’ait lieu, croyez-moi, j’en ferai mon occupation à plein temps.
Finalement, qu’est-ce qu’une photographie à part un moment d’exception saisi, figé de l’instant présent ? Elle rend à la fois l’intensité, le trouble du moment, mais paradoxalement elle ne peut restituer la douleur vécue dans les chairs. Elle n’est en définitive qu’un pâle ersatz. Cette souffrance que nous voyons, que nous décelons dans les yeux de l’animal, alors que son corps a été outragé de la pire des manières, c’est celle que nous lui prêtons, que nous imaginons être sienne… rien de plus. Nous serons toujours en deçà de la vérité. Jamais une photo aussi cruelle soit-elle ne sera en mesure de nous faire ressentir au plus profond de nous-mêmes l’agonie de cet être. Jamais. Alors, arrêtons de faire toutes ces simagrées, arrêtons de pousser de hauts cris, nous ne tenons pas salon que je sache et ouvrons les yeux, ouvrons notre cœur, que toutes ces victimes n’aient pas souffert en vain, ne soient pas mortes pour rien.
Cette tartufferie me débecte
Je suis persuadé que si l’être humain était, vraiment, confronté à tous les chaînons qu’entraîne sa consommation effrénée il y regarderait à deux fois ! Je suis d’avis que les gens qui se régalent de viande ou se glissent avec délectation dans leur manteau de fourrure devraient avoir droit à un petit stage pratique dans un abattoir de la région voire dans une de ces fermes d’élevage. Une manière comme une autre de s’imprégner de l’ambiance ! Elle n’est pas bonne mon idée ????
On peut toujours jouer les offusqués devant une photo de chien massacré, on est drôlement plus coulant face aux souffrances que l’on génère au quotidien.
La prise de conscience, il n’y a que ça ! Avant je ne savais pas, maintenant je sais et ce ne sera plus jamais pareil, quoi que je fasse… maintenant je sais !
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