Sur ses os, le poids entier d'une vie, parfois très dure, une vie, qui peut à peine supporter la charge de son corps.
Ses yeux, chaque jour plus inutiles pour regarder l'extérieur, contemplent, à l'intérieur avec une totale netteté, les images de tout un passé.
Peut-être que ses oreilles ne servent plus pour entendre les bruits de l'extérieur, mais d'anciennes voix, parfois amies, d'autres terribles, résonnent sans cesse en son for intérieur.
Un chien ou un chat âgé c'est comme une personne aux prises avec la vieillesse, ce cerbère inflexible qui plus jamais ne lâchera celui qu'il aura attrapé : parfois sa démarche sera lente et vacillante, ses envies de jouer moindres, son besoin de repos plus grand et son caractère sera devenu quelque peu âpre. Mais qui peut jurer pouvoir esquiver la ride, gardienne de prison?
Peut-être sera-t-il dans l'impossibilité de marcher à ton rythme et ce sera à toi de t'accommoder du sien, en faisant des pauses et il se peut que désorienté, tu doives te transformer en ce regard quasiment voilé, en ses oreilles, toujours lointaines, en sa bouche remplie d'absence et en ses pattes fragiles et tremblottantes.
Il existe entre les êtres, capables d'assumer cette tâche, si difficile et si douce; entre la décision d'adopter et de prendre soin d'un chien âgé ou celle de refuser le sacrifice certain - de même que la satisfaction - que cela suppose, il existe une preuve irréfutable de courage et de générosité. La différence entre un humain banal et un humain spécial.
Cet animal, n'en doute pas, pour sévère que soit sa détérioration physique et psychique, recevra et comprendra tes câlins et tes marques d'attention avec une gratitude autrement plus grande qu'un autre.
Et de ton côté, même si tu es fatigué, car marcher lentement, fatigue terriblement, tu observeras que tu auras avancé comme jamais tu ne l'avais fait de toute ta vie. Cette même vie qui t'attend, pleine de projets à accomplir, alors que sa vie à lui, n'est remplie que de toi, sa vie à lui s'épuise inexorablement.
Julio Ortega
Gracias Veronica!
Sobre sus huesos el peso de una vida, a veces tan dura, que apenas pueden sumar a ellos la carga de su cuerpo.
Sus ojos, cada día más inútiles para ver hacia afuera, contemplan hacia adentro con absoluta nitidez las imágenes de todo un pasado.
Quizás sus orejas ya no sirvan para escuchar los sonidos del exterior, pero voces antiguas, a veces amigas, otras terribles, resuenan sin cesar en su inte rior.
Un perro o un gato anciano es como una persona presa de la vejez, esa cancerbera inflexible que jamás suelta a quien atrapa: tal vez su caminar sea lento y vacilante, sus ganas de juego escasas, mucha su necesidad de descanso y su carácter, haya tornado en un poco áspero. Pero, ¿quién se atreve a jurar que esquivará a la arrugada carcelera?
Acaso se vea imposibilitado para seguir tu ritmo y seas tú quien haya de acompasarse al suyo, pausado y puede que hasta desorientado, convirtiéndote en su mirada casi velada, en sus oídos siempre lejanos, en su boca plagada de ausencias y en sus patas frágiles y temblorosas.
Entre seres capaces de asumir ese trabajo, tan duro como dulce, entre la decisión de adoptar y cuidar a un perro anciano o rechazar el seguro sacrificio – y satisfacción - que eso supone, habita una de las más fehacientes y conmovedoras muestras de valentía y generosidad. La diferencia entre un humano común y un humano especial.
Ese animal, no lo dudes, por muy graves que sean su deterioro físico o psíquico, recibirá y entenderá tus mimos y atenciones con mayor gratitud que cualquier otro. Y tú, aún cansado porque el paso tardo puede resultar el más fatigoso de todos, sentirás que has avanzado como nunca habías hecho en tu vida. Esa que a ti todavía te espera por delante, llena de proyectos por cumplir, y que a él, llena tan solo de ti, se le agota inexorablemente.
Gracias.