Elle était noire, grande, tout juste âgée de 1 an. Elle avait mis bas en février, mais après une mamitte, une partie de son pis s'est nécrosée, elle ne pouvait plus donner de lait. "Elle" c'est une chèvre qui est née dans un élevage laitier.
Pour toucher l'argent de la PAC, les éleveurs doivent obligatoirement garder le nombre d'animaux déclarés du 10 février au 10 mai. Après ce sont les "grandes réformes". Les éleveurs mettent dehors les animaux trop "âgés", fatigués, malades, bref tout ce qui ne "fonctionne plus".
Tous les ans, La Ferme des Rescapés accueille plusieurs de ces réformés, pour leur offrir une autre vie.
Souvent, ils ne sont jamais sortis de leur bâtiment d'élevage ; le moment où ces animaux sont chargés dans les camions pour l'abattoir, ils voient pour la première fois la lumière naturelle du jour.
Cette année, La Ferme des rescapés a sauvé 4 moutons et 8 chèvres de réforme au cours du mois de mai. Mais "elle", cette magnifique chèvre noire, elle a été abattue rituellement. Elle faisait partie d'un groupe de quinze chèvres de réforme.
Beaucoup étaient maigres, boiteuses, deux peuvent à peine se tenir debout, une troisième ne marche que sur trois pattes tellement son genou est abîmé.
La Ferme des rescapés a pris celles qui n'auraient pas supporté ce long et ultime trajet, dans des camions surchargés, sans eau ni nourriture.
Chaque jour, je pense à elle. Alors qu'elle n'est qu'une parmi des milliers qui sont abattues chaque année en France. Je regrette de l'avoir abandonnée à la violence des hommes. De ne pas lui avoir offert une place sur notre ferme.
La Ferme des Rescapés est sollicitée pour des centaines d'animaux d'abattoir chaque année. Elle ne peut pas prendre en charge tout le monde. C'est impossible. Elle n'en a pas les moyens financiers.
Nous sommes obligées de faire un "tri", de prendre les animaux qui ont le plus souffert au cours de leur vie, qui ont été battus, ou qui n'ont jamais reçu suffisament de nourriture.
Mais dire NON, et comdamner l'animal en question a une mort certaine, souvent douloureuse, est la pire chose que l'on nous demande de faire.
Beaucoup de personnes nous disent : "Mais vous ne pouvez pas les sauver tous" ; "Il faut être raisonnable" ; "C'est normal."
Chaque jour, je pense à ceux qui nous furent proposés mais que nous n'avons pas pu sauver. Il y a ces trois chevaux, par exemple, ils ont été abattus à la fin du mois de mai. Jamais je ne les oublierai.
Mais avec une trentaine d'équidés à sa charge et une baisse significative des dons, La Ferme des Rescapés ne pouvait pas changer leur destin.
Chaque année en France, environ 917 millions d'oiseaux, 25 millions de cochons, 8 millions de moutons, 5 millions de vaches et veaux, 1 million de chèvres et 17000 chevaux sont tués dans les 318 abattoirs français pour animaux dits "de boucherie" et dans les 1520 abattoirs pour oiseaux.
Chaque semaine, c'est près d'un milliard d'animaux que l'espèce humaine TUE pour leur chair.
Ce chiffre colossal inclut près de 900 millions d'oiseaux, 17 millions de moutons et de chèvres, 24 millions de cochons et 6 millions de vaches et de veaux.
Une telle queue pour l'abattoir irait presque de la terre à la lune.
Assassinés pour des raisons économiques, des raisons de profit, par habitude, par tradition, c'est-à-dire pour des raisons INJUSTIFIABLES.
Parce que la question animale n'est pas une question de choix individuel, de sensibilité, ni de goût personnel, parce que c'est une question d'éthique, de morale, ce massacre doit cesser.
Source des chiffres: http://youtu.be/L7qAypvAukk (Mouvement pour la cause animale)
Les 70 chèvres de réforme, les 50 moutons, les cochons, les chevaux et Milwaukee la vache, qui vivent et qui profitent sur la Ferme des rescapés de chaque seconde de leur vie, vous demandent de lutter pour la fermeture des abattoirs.
Une partie de la famille ovine et caprine de la Ferme des Rescapés
http://lafermedesrescapes.over-blog.org/article-elle-118581812.html