Câlins canins pour les aînés
CARESSOTHÉRAPIE
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«Zaskia» dispense sans compter sa tendresse dans un EMS de Martigny (VS). Les résidentes sont aussi ravies que couvertes de poils. Notre reportage.
Pour Bernadette Rosset, 78 ans, caresser et câliner «Zaskia» est un grand moment de joie.
Image: Andrée-Noëlle Pot
Cécile Loye, gardienne d’animaux à la Fondation Barry,
et son affectueuse «Zaskia» forment un sacré duo.
(Image: Andrée-Noëlle Pot)
«Tu viens dire bonjour aux vieilles?» s’enthousiasme Thérèse, 85 ans, tandis que «Zaskia», un saint-bernard femelle de 60 kilos, du haut de ses 3 ans, vient quémander sa dose de caresses. Deux fois par mois, l’imposant animal de la Fondation Barry et sa gardienne, la charmante Cécile Loye, viennent dispenser des séances de caressothérapie baveuse aux résidents de l’EMS des Tourelles, à Martigny (VS).
«Elle donne spontanément la papatte. Ce sont de gentilles bêtes qui sentent qu’on les aime!» se réjouit encore Thérèse. Ce n’est pourtant pas le cas de tout le monde dans l’établissement, même si aucune morsure ni aucun accident n’a jamais été enregistré depuis le lancement du projet en 2007. «Sur les 46 résidents, une petite dizaine ne participe pas», relève Chantal Buchard, animatrice à l’EMS.
Eponge à émotions
Mais, même chez ceux-là, l’intérêt s’éveille parfois au passage du «chien social Zaskia» et de son regard placide et rougeaud. Berthe, 98 ans, adore l’animal – «mais pas ses bisous!» précise-t-elle – et plus encore sa maîtresse. Ses visites se vivent en trio. «Quand on sait que le chien vient, on s’en réjouit toute la journée. Et puis c’est aussi l’occasion d’échanger avec Céline, de la conseiller sur sa vie de jeune femme, et de lui raconter la mienne», explique Berthe, dix fois arrière-grand-mère, dont les photos de famille ornent toute la chambre.
«Dans ma vie, j’ai beaucoup donné, et maintenant je reçois beaucoup», lâche la vieille dame en montrant, ravie, ses clichés. Sa phrase résume aussi du même coup la mission de «Zaskia». Car il est patent que la chienne trouve aussi du plaisir dans ces moments de tendresse partagée. C’est d’ailleurs précisément pour ça qu’elle a été sélectionnée pour cette délicate mission. «A la fin d’une visite, elle est vidée, car elle absorbe les émotions des personnes qui la touchent, comme une éponge», relève Cécile Loye.
Bave, poils et tendresse
La Valaisanne apprécie ces moments forts en échanges. Un peu émue, la jeune femme nous raconte la dernière visite de la chienne à une patiente aujourd’hui décédée: «Depuis un mois et demi, elle n’avait aucune réaction, et puis, quand «Zaskia» est entrée dans sa chambre, ses yeux se sont grands ouverts et un sourire a illuminé son visage…»
La tournée reprend. Comme chaque fois, elle passe par la chambre de Georgette, 91 ans, la seule résidente qui persiste à vouloir la nourrir, malgré l’interdiction. Cette fois, ce sera une cacahuète abandonnée là par des enfants en visite. «J’aimerais bien lui donner des friandises aussi, mais c’est mal vu», confesse la nonagénaire, ravie malgré tout.
Bernadette, 78 ans, est la suivante. Elle caresse longuement «Zaskia», qui a posé sa tête sur ses genoux. La vieille dame en devient toute rayonnante… et couverte de poils. «Vivement la prochaine visite», se réjouit-elle.(Le Matin)
Créé: 30.12.2013, 10h31
http://www.lematin.ch/suisse/clins-canins-aines/story/28530479