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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 09:50

POUR TOI, MON MAÎTRE BIEN-AIME

  

Mon arrivée dans ce lieu fut quelque chose d’indescriptible; tous me faisaient remarquer ma chance, peu étaient ceux qui opposaient un refus. Et finalement le sort en fut jeté ; je fus abandonné dans ce lieu que les humains appellent : fourrière.

 

Les portes s’ouvrirent ! Je ressentis de la terreur. Je ne voulais pas avancer et la queue en dedans, je gémissais, de sorte, que toi, mon maître, tu rebrousses chemin et que l’on rentre à nouveau chez nous.

 

Tu semblais ne pas m’entendre, ne pas prêter attention à la souffrance que cela me causait de ne plus pouvoir voir ma famille. Je me disais au fond de moi : pourquoi me font-ils ça ? Je n’ai mordu personne, j’ai pris garde de ne pas trop aboyer, j’ai toujours attendu ton retour et avec force léchouilles, frétillant de la queue, je t’ai démontré mon amour. J’avais beau ressassé, j’en arrivais toujours au même point : je ne comprends pas que tu m’abandonnes.

 

Peu à peu, tu essayais de me tranquilliser - et tu y parviens, même- mon cher maître, parce que ta voix était pour moi un baume, capable d’apaiser toutes les angoisses. Tu me dis de ne pas avoir peur, que tu reviendrais me chercher et que nous serions à nouveau réunis. Ceci suffit à mon âme de chien pour chasser toute crainte et au fond de moi je me consolais : «  Tu vois P’tit Loup, tu exagères. Allez, va, entre là- dedans, montre à ton maître que tu a toute confiance en lui et que tu attendras avec courage le moment de son retour. » Et c’est ce que je fis. Je me souvins qu’une fois à l’intérieur, il y avait quantité de mes frères, très angoissés et d’autres désormais indifférents. Entre eux, ils murmuraient : « Tiens, un de plus ! Vous vous trompez tous, moi, on ne m’a pas abandonné. Mon maître a promis de revenir me chercher et il n’a jamais failli à sa parole et pour que vous prouver comme mon maître  est bon et généreux, je lui dirai de tous vous sortir de là. »

 

J’étais tout à mon discours, lorsque tout à coup une grosse corde m’étrangla et je fus jeté dans une pièce où gisaient des corps faméliques, sans vie. Je m’étonnai : «  Il y a forcément erreur sur la personne, ce doit être un endroit où mes frères récupèrent d’une longue maladie ! Bien sûr, ça ne peut-être que ça ! » Et je  te cherchai, encore et encore, pour que tu me fasses sortir de là, je te cherchai, mon maître, mais toi, tu avais disparu…

 

Les minutes, les heures, les jours passèrent et une lente agonie semblait m’enlacer. Je perdais peu à peu espoir de te revoir un jour. Mais j’avais besoin de t’apercevoir, ne serait-ce qu’une fois. C’est cela qui me maintenait en vie. J’eus le temps de tout me remémorer : quand chiot, tu vins me retirer de ce lieu froid , sale et hostile, où pour la dernière fois je vis ma mère, dont le souvenir, à présent, s’est effacé de ma mémoire. Tu m’amena chez toi, on m’y accueillit à bras ouverts ! J’avais même le droit de monter sur le lit ! Et je grandis ainsi, entouré de l’amour de ma famille, mon seul et unique repère. Et à tes côtés, je connus la loyauté et la fidélité.


Je me souviens que par la suite, je n’eus plus le droit de franchir le seuil de la maison, sans doute avaient-ils peur de s’encoubler sur moi ? Qu’à cela ne tienne, ils me démontraient leur amour, qui toujours resterait empreint dans mon cœur.

 

Une nuit, pourtant, ils se mirent à crier, bien que je ne compris pas tout, j’entendis prononcer mon nom à plusieurs reprises. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passa cette nuit-là, je me souviens seulement de la paume de ta main qui me caressait la tête et toi qui me disais tout doucement : «  Calme, calme, P’tit Loup, tout va s’arranger. Je ne t’abandonnerai pas, je t’en fais la promesse. » Et moi, je remuai la queue, ne comprenant pas vraiment ce que le mot « abandon » signifiait. Mais quand finalement, ce mot fut plus clair pour moi, je souffris de tout  mon être. Ne plus te voir, ne plus sentir ta présence qui m’emplissait de joie, ne plus sentir ta main sur ma tête, désormais endolorie par toutes les morsures de mes frères,  comme moi désespérés de ne voir arriver personne…

 

On me tira de ma torpeur : l’homme  que nous craignions tous était dans l’encadrement de la porte. Il pénétra dans la pièce un collet dans la main et nous nous agglutinâmes de facto  dans un coin, comme pour disparaître. Mais c’était inutile, un par un, il venait nous prendre. Quand il quittait la pièce, le silence était de plomb. Nous nous regardions les uns les autres… qui serait le prochain ? Ceux qui partaient avec cet homme ne revenaient jamais. Que leur faisait-on ? Je  ne pressentais rien de bon.

 

Mon tour arriva. Je fus littéralement traîné dans une pièce froide et obscure. Je n’étais pas seul, mes frères déjà sur place, hurlaient et certains essayaient désespérément  de forcer le passage, mais la porte fut rapidement fermée à double tour. Moi, au début, je regardais toute cette agitation, ignorant le sort qui nous était réservé. Mais une panique se saisit de tous mes membres, de tout mon corps et je me mis moi aussi à hurler avec mes frères d’infortune. L’air commença à manquer, mon cœur battait à tout rompre et je me fis pipi dessus, sans pouvoir m’en empêcher. Des convulsions atroces commencèrent à secouer mon corps et de ma gueule de la mousse, mêlée à de la bave se mit à couler. Ma gorge se serrait. Je peinai à respirer… tout n’était plus que douleur et angoisse. Pourtant j’essayai de me plaquer contre cette petite porte, dans l’espoir, encore, que tu viennes me sauver, que tu m’emmènes et que je cesse de souffrir !...

 

Tu n’es jamais venu !

 

Le silence… tout redevint silence. Ma dernière pensée aura été POUR TOI !

 

P’tit Loup

Il mourut un 24 décembre

Cause du décès :

Asphyxie par gaz… sur décision expresse de son maître bien-aimé !

 

                           Sonia Lopez, traduction de l'espagnol et adaptation par M. S.

 

Ndlr : chaque année , plus de 10.000 chiens et  chats meurent dans ces fourrières. C’est sans compter ceux qui sont assassinés par leur propre maître.

 

© les animaux maltraités. Tous droits réservés.

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